Xaros, mercenaire employé.

Ganis 13 Traniria :

Un encapé, comme tant d'autres dans cette ville marchande, foulait les pavés des ruelles de Trigorn. Cela faisait quelques mois qu'il n'était pas revenu ici, sauf en de rares occasions, accaparé à d'autres affaires en d'autres lieux. A première vu, rien n'avait spécialement changé. Le centre de la ville était en ébullition, les marchands avaient à peine finit d'installer le marché que déjà, bon nombre de clients se pressaient pour repérer les meilleurs affaires à conclure. Quelques hommes aux allures nobles, eux aussi recouvert d'une cape, se promenaient entre les étales les plus exotiques. Seuls aux premiers abords, un oeil avertit aurait pu remarquer qu'en fait, quelques groupuscules d'hommes se fondant dans la foule les suivaient à raisonnables distance. Rien n'était véritablement sûr, surtout dans cette agglomération, et mieux valait pour les plus riches de ne pas se promener seuls, même si la milice et quelques soldats royaux surveillaient les alentours.

Mais, pour l'instant, rien n'était réellement intéressant pour notre homme. Pour ses affaires, elles se dérouleraient plus probablement hors du coeur de la ville, du moins, pour le moment. D'un pas aux allures parfois plus félines qu'humaines, il rejoignit l'est de Trigorn en passant par de petites ruelles sombres. Il était arrivé. Devant lui se tenait la façade d'une taverne tout ce qu'il y a de plus commune. Sauf peut-être les bruits de chants et de cris en émanant.

Il franchit le seuil de la porte, balayant rapidement la salle du regard. La salle était vaste et bruyante, déjà bien pleine... Ou plutôt, toujours aussi pleine. La plupart des clients étaient arrivés en début de soirée, et ils étaient toujours là à l'aube. Au contraire de bon nombre de tonnelets de bière, de boisson pourpre, et d'autres riches variétés d'alcools, qui avaient finit vidés durant la nuit. Quelques marins en escale au port chantaient toujours à gorges déployées, entourées de filles de joie, pendant que d'autres ronflaient, lourdement affalés sur leurs tables. L'un d'eux montait à l'étage, accompagné par l'une de ses filles.

A d'autres tables, quelques groupes d'hommes encapés tenaient des discutions à faible voix - ou du moins on les jugeraient de telle manière en un lieux si bruyant. Sûrement des mercenaires, et autres pseudo-hors-la-loi, ainsi que quelques étrangers, voir mêmes de nobles héritiers qui viendraient là "faire régler" quelques affaires d'ordres privées, ou encore quelques revendeurs venant racheter des marchandises à quelques pillards pour ensuite les revendre à d'autres riches marchands de Trigorn. Les opportunités, aussi hors des règles fussent elles, étaient bien souvent le meilleur moyen aux enfants de milieux difficiles pour survivre. Très tôt plongés dans cet environnement, peu d'entre eux en ressortaient ensuite, sauf à leur mort, qu'ils trouvaient assez fréquemment lors de rixes.

Quelques vieillards étaient tout de même présents. Ils avaient sûrement réussis à trouver une place plus propice pour leur âge, peut-être avaient ils réussis à monter quelques réseaux d'informations, qu'ils revendaient aux plus offrants, ou bien avaient ils étaient pris par quelque guilde de voleurs, avec une place de conseiller, ou mieux encore, peut-être avaient ils réussis à hisser leurs enfants plus haut dans cette échelle sociale, en tant qu'assassin, qu'espion, que chef de garde, ou à une autre position enviée au sein d'une guilde, leurs assurant un revenu fixe venant de leur si cher progéniture...

Un monde d'intrigues dangereux.

Xaros, arborant toujours sa cape noire, s'avança vers le tavernier qui semblait las après cette longue nuit, tout en lorgnant toujours vers les différents groupes d'hommes. Un coup de poignard était bien vite arrivé. Se plaçant dos contre le mur, accoudé au bar, il commanda un verre d'eau au tavernier. L'alcool embrumant l'esprit, il préférait rester sobre.

Un cri de douleur s'éleva dans la pièce. D'un coup d'oeil rapide, Xaros vit rapidement ce qu'il c'était passé. Une conversation c'était sûrement mal déroulé. L'un des encapés avait un poignard de planté dans la main, tandis qu'un autre l'avait saisit à la gorge. Un rapide chuchotement, certainement un avertissement, et il se réinstalla au fond de sa chaise, retirant le poignard d'un geste rapide. Saisissant sa main, la victime grogna, sans toutefois tenter une vengeance. Il avait apparemment saisit le message. L'un des videurs de la salle, d'une taille imposante, s'était déjà avancé vers le groupe. Couvert d'une armure de cuir sous laquelle pendait une côté de maille, il saisit le pommeau de l'épée attachée à sa ceinture. Un autre videur, dans le même style, hormis la balafre arborant l'une de ses joues, avait déjà rejoint le premier. L'encapé semeur de trouble lança une bourse à l'un des deux, qui la réceptionna puis le soupesa, avant de l'emmener au tavernier. Le deuxième videur se retourna à son tour, reprenant place au fond de la salle, manquant de bousculer l'une des filles de joie. L'affaire était réglée.

A la lueur d'une torche, Xaros entraperçu le visage d'un homme en cape adossé au fond de la salle qu'il connaissait bien. Finissant son verre, puis le reposant sur le bar, il traversa la salle d'un pas rapide. Se postant devant lui, il distingua les mouvements de capes caractéristiques de deux autres hommes. Il n'y avait pas besoin de réfléchir bien longtemps pour comprendre. L'homme n'était pas ici seul, et ses deux acolytes étaient préparés contre d'éventuels débordements.

Xaros : - Des nouvelles pour moi ?

Reconnaissant le timbre de sa voix, l'homme lui répondit sans hésitation.

Inconnu : - Sûrement. Mais, pas ici.

L'homme se redressa, avant de quitter la salle. Xaros, acquiescant, quitta la salle à sa suite, bientôt suivit de deux autres hommes. Arrivé dans la rue, le groupe traversa quelques ruelles, peu à l'aises sous la lumière du soleil levant. Ils atteignirent rapidement un petit bâtiment -apparemment un entrepôt - dans lequel ils pénétrèrent. La salle était sombre, pleine de tonnelets et de caisses, attachés entre eux par de solides bouts de cordes.

Inconnu : - Cela faisait quelques mois... Sûrement des affaires ?

Xaros : - Sûrement, oui. Mais, je ne suis pas là pour conter mes voyages, Adenor.

Adenor : - Je le sais bien. Et tant mieux. Tu cherches du travail, c'est ça ?

Du travail, il en cherchait, oui... Et du bien payé. Il savait qui étaient les employeurs d'Adenor, et connaissait les sommes qu'il pourrait se faire. Mais, il connaissait aussi leurs façons de faire. Le plus dangereux quand on faisait affaire avec eux, ce n'était pas la mission en elle même, mais ce qui pouvait s'en suivre. Il avait déjà accomplit bon nombre de tâches pour eux. Quelques assassinats de personnes ayant les oreilles ou les yeux trop sensibles, quelques récoltes d'informations, et, quelques fois aussi, il avait reçu l'ordre de tuer d'autres mercenaires ayant travaillés pour eux, qui en avaient trop appris. Leur réseau était bien ancré dans le royaume, et pour sa part, il ne se rappelait d'aucune cible qui leur aurait échappé indéfiniment, sauf dans la mort...Et encore. Il faut dire que les mercenaires, et autres aventuriers en quêtes d'argent ne manquent pas. Avides sont les humains.

Mais, il avait besoin d'argent. De beaucoup d'argent. Outre les achats de nourriture, des frais de logis, il devait aussi entretenir son matériel, et devait bien souvent faire des dépenses pour accomplir ses missions. Entretenir son équipement, acheter divers poisons, payer des informateurs, louer des demeures, financer ses voyages dans le royaume... Autant dire que tout ça n'était pas donné. En contrepoids, il pourrait très bien finir comme les autres mercenaires qu'il avait lui même tué. Et, dans ce cas, ses adversaires ne seraient pas de petite besogne à régler. Il les avait déjà côtoyés, les Darklords. Et il savait que leurs assassins et espions ne se résumaient pas aux mercenaires humains du royaume. Il avait même déjà travaillé avec l'un de leurs mages, qui avait rapidement retrouvé l'une de leurs cibles. Même s'il fuyait, et était aguerri aux déguisements trompe l'oeil, il n'aimait pas la magie - il ne la craignait pas, mais en connaissant les conséquences, il savait qu'il ne fallait pas oublier ce facteur -.

Mais, vraiment, la somme d'argent qu'il pourrait gagner était trop alléchante, et, à petit risque, petite récompense... Sortant de ses souvenirs, il répondit à son interlocuteur.

Xaros : - Bien sûr. Qu'as-tu ?

Adenor : - Quelques collectes d'informations de faible importance, pour quelques pièces d'or...

Mais, ce n'était pas assez...

Xaros : - Rien de mieux ?

Adenor : - Peut-être bien... Mais, l'enjeu serait gros dans ce cas.

Pour qu'Adenor lui même lui dise cela, ça ne devait pas être rien...

Xaros : - Et la récompense ?

Adenor : - Et bien, si tu l'accomplis... J'ai pu voir des gemmes d'une qualité comme j'en ai rarement vu. Elles semblent taillées par des nains, et plus pures que la plupart. Et, pourtant, tu sais combien j'en ai vu passer. Avec ça, tu auras de quoi faire. De plus, pour l'instant, tu es le seul que j'ai croisé depuis les derniers jours à qui je pourrais faire remplir ce contrat.

En effet, lui aussi avait à y perdre, si le contrat tournait mal.

Mais, tu sais les risques. Si jamais pour une raison ou une autre... Mais, tu pourrais aussi atteindre les bonnes grâces de mes employeurs.

Xaros : - Soit. Quel est le but ?

Adenor : - Une récolte d'informations sur une guilde de voleurs. Ou plutôt, une en particulier.

Pour qu'une information soit si bien payée, sûrement devait elle être bien gardée. Mais, il saurait arriver à ses fins. Le plus rapidement possible serait le mieux. Adenor lui expliqua ce que l'on savait de cette guilde, et quelle était l'information à récoltée.

Après quelques minutes de discussion, Xaros quitta le bâtiment. Rejoignant une auberge, il prit quelques heures de repos... Il devrait être frais. L'après-midi même, il commencerait ses recherches...