Leçon d'un sage. (GornValim[Les*Derniers*Chevaliers])

Gorn Valim 22/06 à 20:24






LES LEÇONS D'UN SAGE

Où comment Gorn découvrit le fabuleux pouvoir de son armure jaune



Résumé : un mystérieux individu, s'étant présenté comme un ami du père de Gorn, a donné au jeune chevalier les pièces d'une armure de cuir jaune. Gorn est persuadé que cette armure est enchantée. Il compte profiter de son séjour sur l'Île des Cinq Sages (une quête pour retrouver un vieil ermite, une bagatelle) pour découvrir le pouvoir de son armure.


Date (oui, ça fait longtemps =/)

Gorn mit une semaine à se remettre de la morsure des serpents. Rien de bien grave, s'il n'avait eu à supporter durant tout ce temps le caractère irascible et versatile du Sage qu'il avait fini par regretter d'avoir voulu aider. Les serpents avaient mis le pauvre chevalier en charpie en moins de temps qu'il n'en avait fallu pour dire "Herbe de Guérison Plus". Leurs crocs acérés l'avaient transpercé en plusieurs endroits, et avaient répandu leur venin avec une rapidité foudroyante.

Il était obligé de reconnaître qu'il devait la vie au Sage. Celui-ci avait apparemment fait fuir les serpents et avait transporté Gorn à travers le désert jusqu'à la Ville des Cinq Sages. Aux questions que Gorn ne manqua pas de lui poser, lorsqu'il fut rétabli grâce aux soins du vieil homme, le Sage répondait :

Sage - Peuh ! Vous aut', guerriers sans cervelle, ne survivriez pas un seul instant sans nous, les scientifiques et les penseurs ! Nous ne manions pas l'épée, mais nous en savons beaucoup plus que vous aut' sur ce monde que vous ne cherchez même pas à connaître ! Non, tout ce qui vous intéresse, à vous aut', c'est rouler des mécaniques, montrer vos grosses épées et vos points de réput, et massacrer des espèces en voie de disparition ! Peuh ! Vous devriez avoir honte !

Gorn avait dû écouter les sermons du vieux Sage pendant huit jours. En sortant de là, il était guéri mais déprimé. Les remontrances de son sauveur l'avaient conduit à se sentir coupable de ses "méfaits" d'armes.


À présent, Gorn était dehors, torse nu, le dos rougi par l'intensité du soleil qui baignait le ciel au-dessus des Îles. Dieux, qu'il faisait chaud ! Ces huit jours passés à l'ombre fraîche de la cahutte du Sage lui avaient fait oublier à quel point le soleil, ici, était impitoyable, même en automne. Le moindre effort physique rendait son corps luisant de sueur. Même repriser son armure de cuir était devenu fatigant. Toutefois, cette activité s'avérait plus facile qu'il l'avait craint : il n'avait plus un souvenir précis de l'attaque des serpents, mais il se rappelait sa férocité ; il s'était donc attendu à ce que sa cuirasse fût en lambeaux. Pourtant, seules quelques traces de morsures subsistaient, rapidement effacées par le doigté de Gorn quand il s'agissait de réparer les armures.

Ce faisant, il réfléchissait. Malgré ce que lui avait dit Maître Orga, le mage à qui il avait parlé sur le navire, Gorn restait persuadé que son armure était magique. Il avait passé ses premiers jours sur l'île à tester ses différents pouvoirs potentiels.

L'armure n'agissait pas sur sa force : il lui fallait plus d'un coup pour éclater un ignoble crabe, avec l'armure ou sans l'armure.
Contre les féroces kangourous, il avait la fâcheuse tendance à frapper à côté, avec l'armure ou sans l'armure : celle-ci n'agissait donc pas sur sa déplorable dextérité.
Les coups d'épées que lui assenaient les terribles Nomades du désert étaient certes moins douloureux lorsque l'armure le protégeait, mais à la vue des nombreuses estafilades en cours de cicatrisation qui lui barraient le torse, Gorn se disait qu'une simple armure de cuir achetée aux puces aurait conduit au même résultat.

En apprenant l'existence de serpents venimeux, Gorn s'était donc précipité ventre-à-terre vers leur territoire : peut-être l'armure empêchait-elle tout empoisonnement ?

Mais lorsqu'il s'était réveillé dans la cahutte du Sage, malade comme un chien violet, il s'était aperçu de la bêtise de son hypothèse.


En quelques coups d'aiguille et de fil solides, l'armure était réparée. En la regardant de loin, dans le brouillard, par une nuit sans lune et à condition d'être presbyte, on aurait presque pu dire que l'armure était comme neuve.

C'est en la remettant que Gorn apprit brusquement la nature du pouvoir de l'armure.

Ça aurait dû lui sauter aux yeux ! Comment ne s'en était-il pas rendu compte plus tôt ?

Sage - Parce que tu penses en guerrier ! Tu es obsédé par tes prouesses de combattant ! Aveugle devant l'évidence !

Gorn Valim - Comment... Vous lisez dans les pensées ?

Sage - C'est inutile, on lit tout sur ton visage naïf. Et joufflu, tu devrais manger moins gras.

Le Sage s'approcha et se mit à cogner à répétition sur le front de Gorn.

Sage - Vous ne pensez qu'à taper, vous aut' ! Pour êt' toujours plus fort ! Toujours plus rapide ! Toujours plus costaud ! Vous devriez avoir honte ! Tu crois qu'une armure aussi grotesque que la tienne est faite pour un combattant ? Peuh ! Ridicule ! Le sens de ta vie se limite à devenir plus puissant, plus rapide, plus robuste ? Laisse-moi rire !

Gorn Valim - Vous commencez à me gonf...

Sage - Ah, ne m'interromps pas, gamin ! Je déteste ça ! Où t'as appris la politesse ? ... Tu te demandais si cette armure était magique ? Eh bien oui, elle l'est ! Mais seuls les sots s'amusent à classer la magie en "magie offensive" et "magie défensive". Vous vous êtes jamais dit, vous aut', que la magie pouvait tout simplement être... pratique ?


Lorsque Gorn arriva enfin au village d'Oxoroc, il fut interpellé par un jeune garçon.

Garçonnet - Dis, m'sieur, tu dois avoir chaud, tu veux t'rafraîchir à mon puits ? C'est 500 po.

Gorn lui sourit.

Gorn Valim - Non merci. Je n'ai pas chaud.

Car l'armure avait l'extraordinaire pouvoir de réguler la température.